Le peuple de l'eau by Pierre Bordage - Les derniers hommes - 1

Le peuple de l'eau by Pierre Bordage - Les derniers hommes - 1

Auteur:Pierre Bordage - Les derniers hommes - 1 [Pierre Bordage - Les derniers hommes - 1]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Au diable vauvert
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Chapitre 7

« Regarde comme elle se tend ! Doit y avoir un énorme gisement d’eau potable dans ce fouillis. »

L’excitation enflammait les yeux habituellement mornes d’Helaïnn l’ancienne. Curieusement, alors qu’elle ne lui avait pratiquement pas adressé la parole à l’occasion de la rhabde ukrainienne, elle semblait aujourd’hui encline à se confier à Solman. Peut-être parce qu’elle était seule, qu’elle n’était plus tenue de jouer un rôle devant son groupe, de prouver que l’âge ou la faiblesse ne diminuaient en rien les pouvoirs d’une sourcière.

La caravane resterait immobilisée toute la journée aux abords de la réserve de gaz liquéfié des portes de l’Oise, la plus importante de tout le territoire européen. Une réserve, comme les retenues d’eau potable, enfouie cinquante mètres sous terre par les armées de la ligne PMP. Pour prélever le gaz, stocké dans d’immenses cuves souterraines faites d’un alliage indestructible, les Aquariotes utilisaient un système de pompes automatiques et blindées dont, près de cent ans plus tôt, les fondateurs du peuple avaient déniché les codes d’accès. Seuls les six membres du conseil détenaient les combinaisons de dix chiffres et dix lettres qui déclenchaient les vannes d’ouverture et commandaient le flux du précieux liquide. Le tableau électronique maintenu, comme tout le système, par un groupe électrogène lui-même alimenté en gaz et entretenu par des mécabots leur permettait de surveiller l’état des stocks avec une extrême précision. Au train où allaient les choses, la réserve des portes de l’Oise assurait au peuple aquariote encore plus d’un siècle d’énergie, une durée probablement supérieure à l’espérance de vie des camions.

Cette abondance presque insolente dans un monde marqué par les pénuries avait suscité bien des convoitises. Trente ans plus tôt par exemple, le peuple léote avait enlevé deux mères du peuple afin de les contraindre sous la torture à révéler les codes. Comme elles avaient refusé de parler, on les avait découvertes quelques jours plus tard empalées sur des pieux, écorchées de la tête aux pieds. Une autre fois, c’était un clan des Slangs, les troquants d’armes, qui avait menacé d’exécuter une vingtaine d’otages, des femmes et des enfants, si on ne lui donnait pas les fameuses combinaisons. Les femmes avaient été violées et suppliciées, les enfants disséminés morceau par morceau sur les principales routes, mais, malgré la pression des parents et des maris, le conseil aquariote n’avait pas cédé. Le message adressé aux autres peuples ou aux autres groupes était clair : quel que soit le prix à payer, les Aquariotes n’accepteraient jamais de se séparer de leur gaz, pas davantage de leur réserve des portes de l’Oise que de celles, mineures, de Bavière, de Hongrie et de Moldavie. Et ils opposaient un argument choc à ceux qui, lors des rassemblements, contestaient cette mainmise sur les derniers gisements énergétiques de l’ancienne civilisation : comme ils étaient les seuls à pouvoir trouver de l’eau potable, les priver de gaz revenait à condamner à mort tous les survivants du conflit qui avait secoué la Terre pendant près de trente ans.

« Si je ne la retenais pas, elle volerait ! » s’exclama Helaïnn.



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